Marianne Von Verefkin
BIOGRAPHIE CHRONOLOGIQUE
 
DU PEINTRE EXPRESSIONNISTE
 
MARIANNE von VEREFKIN
 
1860-1938
 
 
1821 – Naissance le 14.Juillet de son père Vladimir V. Verevkine dans une famille aristocratique russe de vieille noblesse  moscovite. Nommé général lors de la guerre de Crimée, il devait par la suite être nommé général en chef et finir sa carrière comme gouverneur de la Forteresse Pierre et Paul à Saint Petersbourg.
Vladimir était le sixième enfant du général Nikita Verevkine, commandant de la place de Moscou, et de Mademoiselle Kadinslava. Mort le 27.10.1830 Nikita fut décoré de la Croix de Saint Georges en 1826. L’aîné de ses fils Nicolas né le 21.9.1811 et baptisé le 26.9.1811 eut comme parrain le général Comte Matvey Ivanovitch Platov qui se battit contre Napoléon I°, à la tête de ses cosaques à Eylau, Friedland et Borodino au coté du Prince de Smolensk, le général Mikhaïl Illarionovitch Koutouzov.
Siégeant à l’assemblée nationale « Zemski Sobor » qui avait remplacé la « Douma des Boyards », les Verevkines participèrent au début du XVII° siècle à l’élection de Michel-III-Fédéorovitch Romanov le premier Tsar d’une  lignée qui devait régner de 1613 à 1917.
 
1834 – Naissance le 5.Juillet de sa mère Elisabeth Daragan peintre d’icônes et portraitiste. Elisabeth avait une origine tatare et cosaque.
 
1854 – Guerre de Crimée (1854-1855) qui oppose la Russie à la coalition : France, Angleterre, Piémont et l’Empire Ottoman. C’est au cours de cette guerre que Vladimir le père de Marianne s’étant distingué par un courage remarquable, gagna ses galons de général. Le traité de Paris de 1856 consacra la défaite de la Russie.
 
 
1860 – Naissance de Mariamna Vladimirovna Veriofkina le 29 Août, selon l’ancien style, ou  calendrier julien, soit le 11 Septembre selon le nouveau style ou calendrier grégorien, à Tula (Toula) dans la province de Moscou.
Marianne Verevkine et aussi connue sous le nom de Marianna ou Marianne Verefkin ou von Werefkin. Elle fut nommée quelques fois : la Française, ou encore : la Baronne, ou enfin : son Excellence.
 
1862 – Naissance, le 5.1.1862, de son frère Pierre qui devait devenir un ami du Tsar Nicolas II, général et gouverneur successivement de Kaunas, Vilnius et Tallinn. Marié à Sophie Ellis il eut huit enfants que la deuxième guerre mondiale dispersa en Italie, en Amérique et en Argentine essentiellement.
 
1864 – Naissance le 13 Mars (calendrier Julien) ou 26 Mars selon le calendrier grégorien, de Alexej Jawlensky à Torsk en Russie.
 
1868 – Marianne fréquente à Vilnius l’Institut Sainte Marie.
 
1872 – Naissance  du deuxième frère de Marianne, Vsevolod qui devint magistrat et marié à Vera-Veronika Abbeg  eut trois enfants : Nikita,  Elisabeth (ma mère) et Nicolas.
Vera-Veronika est née le 28.janvier de cette même année.
 
1876 – Transféré à Lublin (Pologne), le père de Marianne y emmène sa famille. Elle écrit à cette occasion : C’était un hiver sans neige comme  on l’a toujours en Pologne. Par une froide journée de janvier, il y a tant d’années maintenant, je me suis mise en campagne. Mon adorable cheval trottait gaiement sous moi, mon dragon me suivait….
En Pologne Marianne eut deux Maîtres polonais dont Heinemann de Varsovie qu’elle considérait comme bon. Chez lui elle peignait des portraits.
 
1879 – Le port d’attache de la famille Verevkine devient Blagodat, domaine proche de la ville d’Utena à l’est de la Lithuanie. Quelques historiens prétendent que ce domaine de 850 ha au début, non équipé, aurait été offert au général d’infanterie Vladimir Verevkine, pour services rendus, par le Tsar Alexandre II (1818-1881). Mon cousin Konstantin Artzibushev, arrière petit fils comme moi de Vladimir, possède une icône sur laquelle est mentionnée la date de « l’Achat » de ce domaine par notre arrière grand-père maternel, ce que semble confirmer Laima Lauckaité Surgailiené, historienne et critique d’art lithuanienne qui vient de  découvrir Marianne et qui habite  Uténa.
Ce domaine a été aménagé par Vladimir et équipé de bâtiments fonctionnels pour la famille, le personnel et les besoins de l’agriculture et de l’élevage. Il fit réaliser un parc boisé qui existe toujours dans lequel il fit planter des essences qui n’existaient pas en Lithuanie.
Au moment de la réforme agraire de 1923 le domaine s’étendait sur plus de 2000 ha.
 
1880 – Marianne suit  les cours privés d’Ilja Repine, le plus marquant des peintres réalistes russes, il était membre du groupe des peintres dit : « Ambulants »..
 
1882 – Jawlensky entreprend une carrière militaire et fréquente l’Académie des Beaux Arts de Moscou.
 
1883 – Marianne Verevkine fait ses études à l’Ecole des Beaux Arts de Moscou et suit les leçons du peintre « Ambulant » I.M.Prianischnikov.
 
1885 – Sa mère meurt le 18 mars. Elle fut parmi celles et ceux qui encouragèrent Marianne dans sa vocation de peintre. Elisabeth-Petrovna Daragan-Verevkine est enterrée dans le cimetière Liepkalnis de Vilnius où sa tombe est voisine d’autres tombes des familles Daragan et Verevkine.
Elle écrit : J’ai aimé ma mère comme depuis jamais personne et alors oui : j’aimais tout en elle, sa main et son corps, sa présence physique et sa présence morale, l’attouchement de ses doigts et le son de sa voix.
Un an après la mort de sa mère elle réalisera de mémoire un magnifique portrait de celle-ci. (Ce portrait est visible chez notre cousin, Konstantin Artzibushev à Tampa-Floride)
 
1886 – Installation à Saint Petersbourg où son père est nommé Gouverneur de la Forteresse Pierre et Paul le 16 avril 1887.
Elle y suivra durant dix ans, en tant qu’élève privée, les leçons d’Illja Iefimovitch Repine membre de la Société des « Ambulants ». Repine né à Tchougouiev en Ukraine en 1844 et décédé en 1930 à Kuokkala (aujourd’hui Repino) en Carélie avait aussi été le professeur de ma grand-mère Vera-Veronika Abbeg-Verevkine (belle sœur de Marianne). Ensemble ils ont entretenu une correspondance jusqu’en 1929. Un portrait de Vera-Veronika peint par Repine est visible dans un des musées de Moscou, très certainement à la Galerie Tretiakov.
En pensant à son père en poste dans la Forteresse, Marianne ne pouvait pas oublier que 30 ans plus tôt le 13 avril 1849, F.Dostoïevsky y faisait son entrée pour être incarcéré dans le « ravalin Alexis » avant d’être envoyé en Sibérie.
 
1887 – Au cours d’un accident de chasse Marianne se tire une balle dans la main droite qui demeurera estropiée. Elle a dû s’habituer à peindre en tenant le pinceau entre le médius et l’annulaire. Le Docteur Lesin qui l’a soigné, fut probablement le seul homme sérieusement (et passionnément) épris de l’artiste.
 
1889 – Jawlensky obtient sa mutation de Moscou à Saint Petersbourg où il sera admis à l’Académie des Beaux Arts.
 
1891 – Ilja Repine recommande Alexej Jawlensky à sa brillante élève. Ce dernier passera l’été à Blagodat dans le domaine familial des Verevkines, où le père de Marianne lui avait fait  construire un atelier qui existe toujours et que les gouvernements allemand et lithuanien envisagent de transformer en un musée consacré à Marianne, à sa vie et à son œuvre.
Alexej et Marianne travailleront ensemble dans l’atelier durant cet été, ce sera le début d’une grande amitié entre eux..
De sa rencontre avec Marianne, Alexej écrira : « Cette rencontre a transformé ma vie. Je devins l’ami de cette femme génialement douée. Nous travaillions ensemble dans son atelier de la Forteresse Pierre et Paul à Saint Petersbourg et également dans l’atelier de Repine, parmi ses célèbres tableaux ».
 
1892 – Le portrait intitulé « Le Lithuanien » peint par Marianne obtient un grand succès durant l’exposition itinérante organisée en Russie par les peintres ‘Ambulants ». C’est cette année là que Repine dira de Marianne qu’elle est le « Rembrandt russe ». On la compara aussi à Vélasquez et à Francisco de Zurbaran.
 
1893 – Marianne et Jawlensky travaillent ensemble dans l’atelier de Repine en Octobre.
 
1896 – Le père de Marianne meurt en service d’une crise cardiaque le 13 janvier. Comme tous les gouverneurs de la Forteresse Pierre et Paul morts en service Vladimir est enterré à l’extérieur de la Basilique où sa tombe peut encore être visitée. C’est à l’intérieur de cette basilique que depuis Pierre le Grand sont inhumés tous les Tsars de Russie.
Plus rien ne retenant Marianne en Russie elle part (émigre) avec son compagnon Alexej et deux jeunes filles russes : Hélène et Marie Nesnakomoff qui seront l’une cuisinière et l’autre femme de chambre, pour s’installer à Munich en Bavière. C’est Marianne qui grâce à une énorme pension versée par l’état tsariste et à ses biens propres assurera le bien-être de tout ce petit monde.
Son appartement au 23 Giselastrasse (tout proche de celui de W.Kandinsky), ainsi que l’atelier qu’elle aménage pour Jawlensky, deviendront un centre d’attraction pour la bohème internationale de Munich.
Depuis son départ de Russie, Marianne a renoncé à son art pour se consacrer à la promotion de l’œuvre de son compagnon. Elle ne reprendra les pinceaux qu’en 1906-1907.
Marianne fonde la « Conférence de Saint Luc » (Lukasbruderschaft).
Installée à Munich en 1896, Marianne retournait régulièrement (du moins jusqu’en 1914) en Lithuanie, soit dans la maison familiale de Blagodat (prés d’Utena à l’est de la Lithuanie), soit chez son frère Pierre, gouverneur de Kaunas (1904-1911) puis de Vilnius (1911-1916) et enfin de Tallinn en 1917.
A la mort de son père en 1896 le patrimoine familial se composait des domaines suivants : Blagodat (Beatitude) qui se nomme aujourd’hui : Vyzuonéliai, Mediniai, Mazelizkiai, la forêt de Skaistasilis et le lac de Lukuo.
Cet héritage fut partagé ainsi entre les frères : Pierre eut Blagodat et Vsevolod Mazelizkiai. Il est possible que le reste fût vendu pour doter Marianne.
Après la révolution russe et lorsque la Lithuanie eut retrouvé son indépendance Pierre s’occupa très soigneusement du domaine, conseillant les paysans à qui il accorda bien avant la réforme agraire de 1923 le statut de fermiers qui n’existait pas en Lithuanie. Il était un conseillé avisé en matière d’agriculture, et pour aider ses voisins fermiers il créa à Utena une coopérative et une laiterie. Après 1923 les différents domaines ont été réduits à 80 ha, le reste des terres étant distribués parmi les soldats revenus de la guerre et les ouvriers agricoles des anciens domaines.
Pierre n’abandonna son domaine et la Lithuanie qu’en 1940/1941 à la suite des accords Molotov-von Ribbendrop qui autorisaient les soviets à envahir la Lithuanie. Il se réfugia en Italie sur les bords du Lac Majeur où il mourut le 18.2.1946.
Le domaine qui échoua à Vsevolod mon grand-père vit ses bâtiments détruits en 1913 par un incendie dû à la négligence, ils ne furent jamais reconstruits. Les fermiers voisins exploitèrent les terres sans payer de loyer, mon grand-père vivant à Saint Petersbourg et  n’étant lui pas intéressé par l’agriculture. Il ne venait à Mazelizkiai que pour la chasse, habitant alors  une petite isba voisine du domaine ’incendié.
S’étant séparé de son épouse Vera-Veronika Abbegg –Verevkine il lui offrit le domaine de Pazailis sur la rive droite du Niemen juste en amont de Kaunas au pied du monastère (couvent) du même nom. Aujourd’hui ce domaine n’existe plus, noyé qu’il est  à la suite de la construction d’un barrage hydro-électrique  par les soviets.
 
1897 – Marianne fait un voyage à Venise accompagnée de Jawlensky, Grabar, Azbé, Kardovskij.
 
1898 – Son frère (mon grand-père) Vsevolod (1872-1924) se marie avec Vera-Veronika Abbegg (28.1.1872-30.5.1960) dont la famille était d’origine allemande de Koenigsberg.
Ma grand-mère comme Marianne fut élève mais aussi modèle du peintre portraitiste Repine. Son portrait par Repine est visible à Moscou à la galerie Trétiakov. Il semble bien que Vera entretint une relation intellectuelle mais aussi amoureuse avec le Maître pendant seize ans, l’échange d’une abondante correspondance dura jusqu’en 1929, (Repine est mort en 1930). Est-ce cette liaison qui est à l’origine du divorce de mes grands-parents, ou l’aventure que mon grand-père Vsevolod eut avec Madame Bourg, une française gouvernante des enfants, qu’il épousa et avec qui il eut une fille Irène, demi sœur de maman et dont la descendance Sokolsky vit au USA. Inutile de vous dire qu’à la maison ces événements n’ont jamais été évoqués. Maman adorait ses parents et manifestement a beaucoup souffert de cette situation.
 
1901-1902 – Naissance à Anspacky (Gouvernement de Vitebsk) d’Andréas, fils hors mariage d’Alexej Jawlensky et d’Hélène Nesnakomoff, l’une des aides ménagères de Marianne et que cette dernière dénommera par dépit : « la cuisinière ». Elle écrit à ce sujet :…29 années de ma vie avec Jawlensky ont fini par son désir d’épouser en noces factices ma cuisinière, me gardant comme maîtresse…..
Malgré sa déception Marianne installera le jeune couple dans un petit château à Anspacky prés de Vitebsk,  où aura lieu la naissance incognito d’Andréas, qui sera plus tard peintre comme son père. Ce sont les deux filles de cet Andréas qui aujourd’hui gèrent la succession de leur illustre grand-père au sein de la « Fondation Jawlensky » à Locarno.
On a vu que Marianne avait cessé de peindre en 1896 pour se consacrer entièrement à la promotion de la peinture d’Alexej et c’est en 1901/1902 qu’elle commence à écrire « Lettres à un Inconnu » qui début par : Mon Beau, mon Unique !.....
 
1903 – Premier voyage d’étude de Marianne en France, accompagnée de Jawlensky qui à son retour adoptera le style néo-impressionniste de van Gogh.
 De son séjour en Normandie, elle écrira : « …mon charmant voyage à Carteret dont chaque heure est souvenir et bonheur… ». Elle poursuivra son séjour à Paris.
Marianne débute alors (1903-1904) la rédaction de son second cahier, des « Lettres à un Inconnu », qui en comportera trois.
Marianne pratiquait cinq langues : français, russe, allemand, anglais, italien, et peut-être aussi le lithuanien. Dans les « Lettres à un Inconnu » écrites essentiellement en français on trouvera même un mot en arabe et une phrase en latin
A la liquidation du domaine de Blagodat en 1941 (occupation soviétique), on comptera dans la bibliothèque familiale plus de 6000 volumes qui seront attribués à la bibliothèque centrale de Kaunas.
 
1904 – Son frère Pierre est nommé gouverneur de la province (gouvernement)  de Kaunas. Il occupera ce poste jusqu’en 1911 avant d’être nommé au gouvernement de Vilnius.
C’est en prenant ce poste qu’il se rendra compte des dégâts qu’avaient pu produire dans la conscience du peuple lithuanien les mesures discriminatoires prises par le Tsar Alexandre II à la suite de l’insurrection de 1863, mesures confirmées par le Tsar Alexandre III (1845-1894) et Nicolas II (1868-1918).
Bien qu’ami personnel du Tsar Nicolas II, mais professant des idées très libérales comme Marianne et le reste de la famille Verevkine, Pierre n’hésita pas accompagné du gouverneur général de Vilnius, le Prince Svytopolk-Mirsky, a demander au Tsar la levée des sanctions. Pour faciliter la négociation Pierre avait invité son ami le Tsar Nicolas II à une partie de chasse en Lithuanie et c’est ainsi qu’à la suite de cette intervention les Lithuaniens purent librement à nouveau : parler leur langue, l’écrire, l’imprimer et la diffuser en caractères latins sans obligation d’utiliser l’alphabet cyrillique. Cette mesure fut proclamée dans l’espoir de voir se réduire les activités subversives tout en sous-tendant le projet de concessions plus libérales dans le futur.
C’est en 1904 que Marianne entrepris un nouveau voyage en France : Bretagne, Paris, Provence sur les traces des maîtres et de leurs œuvres : Gaugin, Matisse, Van Gogh. Lors du voyage de retour Marianne rendit visite à F.Hodler à Genève.
Evoquant ses voyages, Marianne écrit : « Et je me souviens que là, là, très loin, un ciel immense et l’océan saluaient mon réveil. J’ai vu bien de belles choses dans ma vie. J’ai vu Venise dans la splendeur d’une nuit de printemps, saturée de lune jusqu’aux derniers replis de ses ruelles tortueuses, avec l’eau mystique de ses canaux, son ciel bleu, ses noires gondoles et ses feux et ses chants. J’ai vu l’Elbrouz (5630 m) à la première aube, tout blanc sur un ciel fantastique que traversait la longue queue d’un météore orange. J’ai vu le Kathec (5050 m dans la chaîne du Caucase) déchirer de sa cime les orages et apparaître immaculé dans la splendeur de ses neiges éclairées de lune. J’ai vu, dans la solitude de Guernesey, hurler l’océan sous l’œil rouge d’un phare, et j’ai vu la Mer Noire chatoyer au soleil, alors que les amandiers en fleurs mettaient sur le ciel leurs fines dentelles. J’ai vu le Brenner assoupi dans la neige et les riantes vallées de Géorgie s’étendre à mes pieds comme un tapis de verdure et de fleurs. J’ai vu à Amsterdam la glorieuse rentrée d’un transatlantique dans la joie d’une rade éclairée de mille feux. J’ai vu aussi la beauté infinie de nos campagnes russes où une âme semble vivre partout, charmant de sa voix. Et de toutes les beautés que j’ai vu, toutes senties et comprises, la plage modeste de Carteret m’est la plus chère, la plus suggestive : c’est là que j’ai aimé »
En 1904 le Japon déclare la guerre à la Russie. Le conflit prendra fin en 1905 à la suite de la défaite de la flotte russe dans le détroit de Tsushima, battue le 27 mai 1904 par l’Amiral Togo. Il y a eu 100 ans le 15 Octobre 2004 que la flotte russe de la Baltique constituée de 39 bâtiments quitta le port de Liepaja pour un voyage funeste de 18.000 miles qui se terminera par sa destruction totale.
Conduite par l’Amiral très peu expérimenté, Zinovy Rozhdestvenski, voyageant à bord du Knyaz (Duc) Suvorov, cette flotte essuiera bien des pertes pendant le voyage et le refus de l’Angleterre, alliée du Japon, de ravitailler l’armada en charbon.
A ce sujet Marianne écrit : «  La guerre avec le Japon vient d’être déclarée. Il me parait que la guerre ne convient pas à notre temps, où les grandes haines, les grandes passions n’ont plus de raison d’être. Maintenant l’argent décide ».
Elle écrit encore : « Ce soir beaucoup de monde chez nous. Le Prince Wolchonsky (Volkonsky selon Tolstoï dans Guerre et Paix), très bien élevé et intelligent. La conversation porte sur la politique et l’art. Je dis que la Russie est la proie du bureaucratisme et de la famille impériale ».
Marianne est inspirée par son goût pour l’art japonais, qu’elle partage d’ailleurs avec la plus part des peintres contemporains.
Jawlensky commencera une collection d’estampes japonaises en 1909.
 
1905 – Alexej Jawlensky participe à Paris au fameux Salon d’Automne, qui révélera les Fauves au grand public, dans le pavillon réservé à la peinture russe et aménagé par Serge Diaghilev.
Cette année là, Marianne et Jawlensky séjourneront en France  pratiquement en continu.
Marianne termine ses « Lettres à un Inconnu » et réalise ses premiers dessins dans les cahiers d’esquisses qui sont aujourd’hui conservés à la Fondation Marianne Werefkin à Ascona en Suisse.
Le 22 janvier 1905 sur la Place du Palais d’Hiver (aujourd’hui Musée de l’Hermitage), à Saint Petersbourg se forma un immense cortège populaire tout à fait pacifique. En l’absence du Tsar Nicolas II, ce qu’ignoraient les manifestants, les soldats de sa garde firent feu sur les manifestants sans avertissement. Il en résultera le soulèvement de 1905, première tentative révolutionnaire.
Pierre Verevkine, frère de Marianne, sans se rattacher aux milieux révolutionnaires, en partageait certains idéaux progressistes.
Dans le cadre de ses fonctions de Gouverneur de Kaunas, il entreprit des réformes radicales en faveur des paysans. En 1903 il avait déjà installé des fermiers (statut inconnu à cette date), dans son Domaine de Blagodat, et ce bien avant que la Lithuanie ayant recouvré son indépendance (1918), n’entreprenne en 1923 une réforme agraire.
 
1906 – Marianne recommence à peindre et exécute des tableaux résolument modernes.
 
1908 – Marianne et Jawlensky passent avec Vassily Kandinsky une grande partie de l’été à Murnau, prés de Munich, dans la maison de Gabriele Münter, elle aussi peintre expressionniste de renom.
Marianne participera à l’exposition de la Sécession de Berlin et au salon de Saint Petersbourg.
 
1909 – Deuxième été à Murnau. Création le 22 mars de la NKVM « Neue Künstlervereinigung München », dont Marianne est la cofondatrice avec Kandinsky, Jawlensky, Kanoldt et Erbslöh.
Première exposition des peintres de l’Association à la Galerie Tannhauser à Munich.
Marianne et Jawlensky s’intéressent à l’art japonais et à la xylographie.
 
1910 – Seconde exposition de la NKVM à Munich en  septembre, puis à Moscou en décembre. Franz Marc adhère à la NKVM.
Marianne expose aussi à Saint Petersbourg et à Riga.
Première visite mi-novembre,  d’Elisabeth et Auguste Macke à Marianne et Alexej .
 
1911 – Son frère est nommé Gouverneur de Vilnius d’où il continuera à soulager les Lithuaniens du poids que faisait peser sur eux la brutalité de l’occupation russe.
 Maman, aimait beaucoup son oncle qui était un homme très doux et affable, elle adorait aller en vacances dans son domaine de Blagodat que sa femme Sophie gérait très efficacement.
Marianne et Jawlensky passent leur vacances sur les bords de la Baltique : Prerow, Ahrenshoop et Zingst.
Cette année là eut lieu la troisième exposition de la NKVM à la galerie Tannhauser de Munich et où se tient dans une salle adjacente la première exposition du « Cavalier Bleu » (der Blaue Reiter).
Seconde visite de Mr. Et Mme Macke courant octobre.
Kandinsky suivi par Münter et Marc démissionne de la NKVM le 3 novembre..
Création du « Cavalier Bleu » (der Blaue Reiter) par V. Kandinsky et F. Marc. Le groupe expose à Berlin chez P. Cassirer au début de l’année et à la Nouvelle Sécession à Berlin en novembre.
En décembre nouvelle exposition de la NKVM. Marianne et Alexej se rendent à Paris pour rencontrer Matisse.
 
1912 – Marianne participe à l’exposition du Künstlerbund à Brême en février, à celle du « Blaue Reiter » à la galerie « Der Sturm » à Berlin en Mars, puis dans la même galerie à l’exposition des « Refusés du Sonderbund » (Zurückgestellte Bilder des Sonderbundes), et donne trois tableaux à une exposition à Leipzig, ainsi qu’à la galerie Hans Goltz à Munich.
Début décembre Marianne et Alexej quittent à leur tour le NKVM.
 
1913 – Marianne participe à une exposition à Budapest, puis à nouveau à la galerie Goltz à Munich et présente trois tableaux au Premier Salon d’Automne allemand (Erster Deutscher Herbstsalon) dans la galerie Sturm à Berlin.
La poétesse expressionniste : Else Lasker-Schüler nomme Marianne, « l’amazone du Cavalier Bleu ». Marianne envisage de se séparer définitivement de Jawlensky et part en Russie.
 
1914 – Séjour en Lithuanie où Jawlensky vient rejoindre Marianne. Retour à Munich à la veille de la déclaration de la première guerre mondiale (1° Août).
Marianne et Alexej Jawlensky et le personnel de service : Hélène, son fils Andréas et Marie Nesnakomoff, émigrent en Suisse et emménagent à Saint Prex, sur le lac Léman près de Lausanne dans un logement loué par la famille Rubbatel le 26 Juillet.
Marianne expose à Dresde (galerie Ernst Arnold et Künstlersalon d’Emil Richter) et participe à l’exposition itinérante du Blaue Reiter qui l’amène à Helsinki, Trontheim, Göteborg.
Elle présentera aussi ses tableaux à Malmö en Suède et à Vilnius en Lithuanie pas encore indépendante et que la Russie dénomme « Province Occidentale de la Russie ».
Du fait de la guerre la bourse que Marianne reçoit de l’Etat russe est réduite de moitié (3500 au lieu de 7000 roubles).
A la fin de l’année Cuno Amiet rapporte à Marianne et Alexej  leur van Gogh «  La Maison du Père Pilon » à Auvers, laissé à Munich.
 
1916 – Jawlensky fait la connaissance d’une jeune peintre débutante : Emmy Scheyer.
 
1917 – En Avril Marianne et Alexej sont à Lugano pour aider le danseur Sakaharoff à mettre en scène son ballet.
Du fait de la révolution d’Octobre en Russie Marianne perd la totalité de sa pension.
 
1918 – L’état de santé de Jawlensky oblige les deux peintres à s’établir à Ascona dans le Tessin suisse, où ils vivront ensemble jusqu’en 1922.
 
1919 – Marianne participe à une exposition du Kunstsalon Wolfsberg à Berne.
 
1920 – Marianne prend part à la Biennale de Venise.
 
1921 – Alexej Jawlensky se sépare de Marianne Werefkin et quitte Ascona pour Wiesbaden, où il épousera Hélène Nesnakomoff la  mère de son fils Andréas.
Alexej sera l’un des membres du groupe les « Quatre Bleus » avec V. Kandinsky, Feininger et Klee.
 
1922 – Marianne fonde à Ascona  «La  Grande Ourse » (Der Grosse Bär ou Orsa Maggiore), qui tiendra sa première exposition la même année à la Kunsthalle de Berne.
La Grande Ourse rassemblait sept membres (comme la constellation sept étoiles) : Walter Helbig, Otto Niemeyer, Ernst Frick, Albert Kohler, Gordon Mac Couch, Otto van Ries, RichardErnst Seewald.
 
1925 -  Voyage en Italie avec Alfred Ayes, fidèle ami berlinois, auquel elle léguera ses tableaux.
Après sa mort en 1938, l’œuvre de MarianneVerevkine fera l’objet d’une Fondation à Bâle d’abord, puis à Ascona où elle est très active aujourd’hui.
Le 26 février Marianne et Jawlensky vendent leur van Gogh
 
1927 – Publication du roman de Bruno Goetz « Das göttliche Gesicht » qui parle de Marianne. Jawlensky ressent les premiers signes d’une arthrite déformante des doigts.
 
1928 – Exposition des artistes de la « Grande Ourse », auxquels s’étaient joints : Karl Schmitt-Rottluff et Christian, à la galerie Nierendorf à Berlin.
Marianne s’essaye à la gouache et peint une série : Impressions d’Ascona. Elle fait la connaissance de Carmen et Diego Hagmann qui la sauveront de la misère profonde qu’elle a connue à la fin de sa vie.
Jawlensky toujours à Wiesbaden déménage du 3 Nicolastrasse au 9 Beethovenstrasse
 
1929-1936 – Marianne tiendra le pinceau jusqu’en 1936 et exposera à : Genève, Bâle et Lucerne.
En juin-juillet Hanna Bekker vom Rath fonde l’Association des amis de l’art d’Alexej von Jawlensky.
 
1935 – La cardiopathie de Marianne s’aggrave. Jawlensky charge Karl Im Obersteg de le mettre en contact avec Marianne.
 
1936 – En février Marianne peint des affiches publicitaires pour vivre.
Karl Im Obersteg à l’occasion d’un séjour à Ascona, prie Marianne de bien vouloir pardonner à Jawlensky d’avoir violer son serment où il promettait de ne jamais l’abandonner.
 
1938 – Marianne s’éteint à Ascona le 6 Février dans sa 78 ème année. Le village au complet suit le convoi funèbre conduit par son frère Pierre venu de Lithuanie et ses nièces venues de Varèse sur le lac de Côme (Italie).
Les funérailles ont été célébrées selon le rite orthodoxe, les cantiques russes étant chantés par ses deux nièces les célèbres duettistes : Marie et Anastasie qui entre les deux guerres mondiales ont parcouru l’Europe pour donner des concerts dans les principales villes.
L’artiste repose dans le cimetière d’Ascona où sa tombe se distingue des autres tombes par la croix orthodoxe russe.
C’est son neveu Alexandre Verevkine (1904-1982) lui aussi enterré à Ascona, l’un des fils de Pierre, qui recueillit le modeste héritage de Marianne, hormis les tableaux légués à Alfred Ayes, son dernier grand ami.
Au début de sa carrière de peintre Marianne recevait de l’Etat russe une bourse très confortable (7000 roubles l’équivalent de 180.000 Marks 2001) qui lui permettait de faire vivre sans problème son ami Alexej, et les deux jeunes sœurs Hélène et Marie Nesnakomoff, respectivement cuisinière et femme de chambre de Marianne. A la déclaration de guerre (première guerre mondiale) la bourse fut réduite de moitié pour être supprimée lors de la prise du pouvoir par les soviets.
A la fin de sa vie Marianne disposait d’une subvention de la Croix Rouge suisse et gagnait sa vie (si l’on peut dire) en peignant des cartes postales (cartes de Noël). Elle n’acceptait de vendre ses tableaux qu’aux personnes qui les aimaient.
Le FMWA (Fondation Marianne Werefkin d’Ascona), dirigée par Monsieur Efrem Beretta, possède une centaine de tableaux de Marianne sur les cinq cents qu’elle prétendait avoir peint et dont une grande partie est en mains privées. Parmi tous ces tableaux 350 environs ont pu être identifiés, à défaut d’être catalogués. Le manuscrit des « Lettres à un Inconnu » (trois cahiers) et ses carnets de croquis (3700 feuillets) sont à FMWA.
Des lettres de Marianne se trouvent aux Archives Diego Hartmann à Zurich et au Sturm-Archiv ainsi qu’à la Bibliothèque nationale de Lithuanie : Martynas Mazvydas.
 
1941 – Alexej Jawlensky meurt le 15 Mars à Wiesbaden où il est enterré dans le cimetière russe.
 
 
 
J’AIME LES CHOSES QUI NE SONT PAS.
 
 
                                                                  Marianne von Werefkin
 
 
 
 
 
                                                                            Pierre Gochtovtt, Octobre 2004.