Trésor de la cathédrale de Vilnius
 
 
TRESORS DE LA CATHEDRALE DE VILNIUS
 
(Traduction d'un article paru dans la revue lithuanienne "Draugas" le 7.01.2000)
 
 
Les Trésors et  Objets d'Art Exceptionnels offerts à la Cathédrale de Vilnius par les hommes d'état lithuaniens ou polonais ont été perdus lors des guerres contre la Russie vers le milieu du XVII° siècle.
 
(Ces Trésors constitués de 985 pièces ont été retrouvés en 1985 dans le mur de la cathédrale où ils avaient été caché. Cette précision ne fait pas partie de l'article cité plus haut, mais provient d'une autre source).
 
Environ 270 pièces composées de calices, d'ostensoirs, et autres objets liturgiques paraphernaux, crées par des joailliers lithuaniens ou ouest-européens célèbres ont été conservé jusqu'à nos jours.
 
Ces objets avaient été offert à la  principale Cathédrale de Lithuanie par des nobles de très haut rang et par des dignitaires ecclésiastiques issus  des familles: Gostautas, Radvila, Pacas, Sapiega et Tiskevicius.
 
Quelques objets particuliers de ce trésor sont la fierté de la joaillerie mondiale et sont comparables à l'église Sainte Anne de Vilnius. On notera particulièrement, un ostensoir gothique, appelé: Geranainiq ou Grand Ostensoir (152 cm de haut), qui avait été offert par le Comte Albertas Gostautas (1462-1539).
 
Au XVI° siècle il avait été chargé par le roi des affaires de la région (voïévodie) de Vilnius alors qu'il était Chancelier du Grand Duché de Lithuanie.
 
Albertas Gostautas avait également fait un très remarquable don au Trésor de la Cathédrale de Vilnius, à savoir une croix en cristal d'environ un mètre de haut, incrustée de très grosses pierres précieuses fixées par des attaches d'or et d'argent.
 
Parmi ses autres missions Albertas Gostautas est connu pour avoir eu la responsabilité: de la préparation de la première constitution de l'état lithuanien ( le "Statut") et du maintien de l'intégrité de cet état.
 
 
( Cet article a très certainement été écrit à l'occasion de l'exposition récente des Trésors de la Cathédrale)
 
 
 
 
 
LE TRESOR DE LA CATHEDRALE DE VILNIUS
 
 
 
A L'EST, LE GRAND MOUVEMENT DU REVEIL DE LA CULTURE CHRETIENNE EST ENGAGE. LA LITHUANIE OUVRE LES TRESORS ENDORMIS DE SES MILLE ANS DE CHRISTIANISME.
 
 
Dans la lettre apostolique "A l'aube du troisième millénaire", le Saint Père invite chacun, "à faire ce qui est en son pouvoir pour que l'on ne manque pas le défi de l'an 2000, auquel est certainement attaché une grâce particulière du Seigneur pour l' Eglise et pour toute l'humanité".
 
C'est pour répondre à cette invitation que le Musée d'Art de Vilnius a décidé de préparer l'exposition "La Chrétienté dans l'Art Lithuanien",  qui retracera les mille ans d'histoire chrétienne et permettra de contempler pour la première fois le trésor de la cathédrale de Vilnius.
 
La Lithuanie a attendu plusieurs siècles avant d'embrasser la foi chrétienne. Elle sera appelée de ce fait: la benjamine des Etats chrétiens en Europe. Tout a commencé avec les premières missions venues de Germanie. Saint Brunon de Querfurt en Saxe, consacré évêque des Gentils, subira le martyre pour avoir baptisé le Duc Netimaras en 1009. Très attaché au paganisme, et en conflit permanent à l'est avec la Russie orthodoxe, à l'ouest avec les Ordres Teutoniques, ce n'est qu'en 1251 que le Grand Duc lithuanien Mindaugas recevra le baptême avec sa famille, les seigneurs et son armée. Il sera couronné Roi deux ans plus tard. Les premiers évêques sont consacrés, mais le peuple lui, tarde à se faire baptiser. Ce n'est qu'en 1387 que le Grand Duché de Lithuanie devient un Etat chrétien, "condition sine qua non" pour que le Grand Duc Jogaila soit également  couronné Roi de Pologne. Le diocèse de Vilnius est alors créé. Très rapidement sont ouverts paroisses et couvents. En 1596, la Vierge apparaît à Siluva, lieu aujourd'hui très vénéré. L'année 1610 sera celle de la canonisation de Saint Casimir, futur patron de la Lithuanie. Aujourd'hui ses restes reposent dans l'une des chapelles latérales de la cathédrale.
 
A la suite de cette rétrospective qui s'appuie sur de nombreux documents et objets de l'époque, l'exposition nous amène à découvrir le trésor de la cathédrale.
 
 A l'occasion du baptême de la Lithuanie en 1387, la dynastie au pouvoir offre à la cathédrale de Vilnius, consacrée l'année suivante, de superbes pièces d'art sacré. Les hauts dignitaires du pays continueront au cours de siècles à doter la cathédrale de magnifiques trésors. Au début du XVII° siècle, le trésor atteint une valeur inestimable. Mais les invasions russes et suédoises du milieu du siècle le dilapideront. En effet, en évacuant Vilnius, l'armée russe en emporte la plus grande partie. Ce butin sera réparti entre les soldats et  sera perdu à jamais. Leur échappa toutefois ce qui avait pu être caché dans le château du chancelier Sapiega (Sapieha) à la demande du prélat Bialozaras. Ces pièces furent rendues à la cathédrale en 1667 et forment l'essentiel du trésor exposé aujourd'hui..
 
 En septembre 1939, prévoyant l'arrivée prochaine de l'armée rouge, le trésor fut caché et on en perdit la trace. Pendant la période soviétique, la cathédrale fut transformée en galerie d'art. C'est en installant l'air conditionné dans la cathédrale que, Romuald Budrys, alors directeur de la galerie et aujourd'hui directeur du musée d'art, avec trois de ses amis, découvre le 27 mars 1985, le trésor dans un mur de la cathédrale. Ce sont 270 objets religieux d'or et d'argent incrustés de pierreries: calices, ostensoirs, reliquaires et autres objets liturgiques travaillés par les plus célèbres orfèvres lithuaniens et ouest européens. La pièce la plus remarquable est un ostensoir gothique d'or et d'argent de 20 kilogrammes et 152 centimètres de haut qu'Albertas Gostautas chancelier du Grand Duché de Lithuanie au XVI° siècle avait offert à la cathédrale.
 
En découvrant le trésor les auteurs comprennent très vite que si Moscou venait à apprendre cette découverte, le trésor y serait acheminé. La découverte ne sera révélée qu'à quelques dignitaires communistes lithuaniens qui avaient eu l'occasion de prouver leur patriotisme. Le trésor fut à nouveau caché dans l'un des musées de Vilnius et jamais Moscou n'en eut connaissance. A la déclaration d'indépendance, Budrys dévoile l'existence du trésor à plusieurs autres autorités lithuaniennes, qui pensent qu'il est plus sage de garder encore le secret, sachant bien qu'en 1990 et en 1991 les chars soviétiques sillonnent encore les rues de Vilnius. On attendra l'été de 1998 pour rendre publique l'existence du trésor afin de le protéger des voleurs et des collectionneurs étrangers.
 
Au cours de la cérémonie d'ouverture de l'exposition, le président de la République, Valdas Adamkus, prononça ces mots d'encouragement : "Je regarde l'initiative du Musée d'Art comme un prélude des plus remarquables à la célébration du millième anniversaire de l'Etat lithuanien. Mentionnée pour la première fois en 1009, dans les Annales Germaniques de Queedlinburgenses, la Lithuanie célèbrera son millénaire en 2009". L'évêque de Vilnius, Monseigneur Backis, commentera : "L'exposition est un parfait exemple de coopération entre l'Etat et l'Eglise". En effet, elle est à la fois sous le patronage du Cardinal Vincentis Sladkevicius et du Président de la République.
 
Le trésor de la cathédrale de Vilnius appartient officiellement à l'Eglise catholique. L'exposition prendra fin en 2003, par la célébration du 750° anniversaire du baptême (1251) et du couronnement (1253) de Mindaugas. Budrys souhaiterait que les Lithuaniens puissent continuer à l'admirer par la suite. Le Palais des Grands Ducs qui jouxte la cathédrale serait, selon lui, le lieu privilégié pour présenter le trésor. Détruit à la suite de l'invasion russe de 1795, le Palais est aujourd'hui en projet de reconstruction.
 
                                                                                                                                      Pierre Gochtovtt  -  Novembre 2000.
 
(d'après Isabelle Gaullier, L'Homme Nouveau du 16.04.2000)
 
 
THE VILNIUS CATHEDRAL TREASURY
 
 
The formation of the Vilnius Cathedral treasury was started after the baptism of Lithuania in 1387, when the Cathedral received its first gifts. Such lituurgical objects  as a small movable  ivory altar (exhibited in an entrance hall), the stipula (a ritual stick) of a prelate chantor and the reliquary of St. Stanislaus' hand (kept in the Cathedral) remind of those times .In the long run the Cathedral came into possession of more valuable liturgical articles. The treasury was constantly augmented by the donations of the rulers (Casimir, Alexander, Elisabeth Habsburg, Bona Sforza, and others), the state nobility [(the Gostautas, the Radvila (Radziwill), the Sapiega (Sapieha), the Vaina (Wojna), the Tiskevicius (Tyszkiewicz), the Bzostovskis (Brzostowski) families)], the bishops of Vilnius and other high rank clergy.The rich collections which included church articles, garments and tapestries accumulated in the Cathedral not by chance notwithstanding that the Vilnius Diocese acquired the status of an archidiocesan centre and that of an independant Church Province (metropolitate) only at the wake of the XX° century, the throne of the Vilnius Catholic bishop has been regarded to be particularly distinguished and honourable since its establishment and the Vilnius Cathedral has always been the principal temple of the state.
 
In the mid XVII° century during the Russian and Swedish invasion the Vilnius Cathedral treasury suffered great losses. When evacuating the treasury to Königsberg, the most historically valuable gifts  received from Lithuania rulers Jogaila (Vladislaus Jagiello) and Vytautas the Great as well as their wives were plundered by the Russian troops. The soldiers and Cossacks divided them amond themselves and they vanished from Lithuania for ever. Another part of the treasury, which had been hidden for a long time in the castle of the dukes Sapiega family in Ruzhana, was returned to the Cathedral in 1667. The treasury has been always vigilantly guarded from possible dangers, particularly during the declines of the state, plagues, wars and epidemics. With the outbreak of World War II, it was so safely bricked in one of the Cathedral's niches in the September of 1939 that it was discovered only in 1985. The treasures were registered and described. Great care was taken over its protection - the people have not yiet obliterated from their memory the fact that at the close of the war, the crown - discovered in the Cathedral's vaults in 1931 - of the Lithuanian ruler Alexander, Elisabeth Habsburg and Barbora Radvilaité (Radziwill) were lost. In the course of last century the majority of the Cathedral's treasures have not been used at liturgical rituals and some of them very seldom, only at great festivals. Not much was known of the quantity, the value of artistic articles and variety of the treasury. In the post war years it was considered lost. Therefore, today's presentation of the treasury at the art exhibition : "Christianity in Lithuanian Art" offers a rare opportunity to the visitors to see the most valuable collection of the Lithuanian applied arts.
 
The treasure hall shows liturgical articles created by famous Lithuanians, West and Middle European goldsmiths - church chalices, monstrances, reliquaries, crosses among which a particular  artistic and historical value belongs to the Gothic XV° century chalice, three  XV-XVI° century rings, the stipula (a ritual stick) of a prelate chantor, the chalice embellished with a filigree technique donated by Professor A. Novicampianus, a teacher of a Hungarian King, in the early XVI° century, the so-called Gostautas famous monstrance, the cristal cross reliquary donated by duke Albertas Gostautas, chancellor of the Great Duchy of Lithuania, the voïévode (governor) of Vilnius, and the late XVI° century chalice of duke Jonas Radvila (Radziwill) cardinal, the bishop of Vilnius.
 
Greatly impressive are the jewellery articles donated in the XVII° century. They include the chalices of S.S. Vilcopolskis (Wilczopolski) and M.Sulcas Volfovicius (M.Szulc Wolfowicz), capitularies of the Vilnius Cathedral, and the gold monstrance embellished with diamonds and other precious stones donated by bishop J. Tiskevicius (Tyszkiewicz). Also some pure gold chalices of duke K.I. Sapiega (Sapieha), vice-chancelor of the Great Duchy of Lithuania, three marvellous Baroque jeweller's art pieces executed by Augsburg masters - the monstrance, the chalice, the reliquary of the Blessed Mary Magdalen de Pazzi - donated by the bishop of Vilnius M.S.Pacas (Pac). The wooden cross embellished with mother-of-pearl and bearing the coat of arms of the Kingdom of Jerusalem seems to witness missions-pilgrimages to the Holy Land.
 
Among the gifts presented to the Cathedral in the XVIII° century - the cross executed by the famous Danzig goldsmith J.G.Schlaubitz, donated by bishop A.Tiskevicius (Tyszkiewicz), the gold chalices of the bishops of Vilnius K.K.Bzostovskis (Brzostowski), K.P.Pancezinskis (Pancerzynski), M.J.Zenkavicius (Zenkowicz) and the silver sarcophagus-shaped reliquary or St Josaphat Kuncevitius, the Uniat's archbishop and martyr.
 
In the early XIX° century count P.K.Bzostovskis (Brzostowski) referendary of the Great Duchy of Lithuania and canon of Vilnius, donated a small marble movable altar with, as supposed, a relief gold plaque "Crucifixion" created by an Italian master in the XVI° century, count M.Tiskevicius (Tyszkewicz) - the mid XIX° century chalice of rare beauty embellished with relief compositions and enamal scenes in 1883 canon V.Franckevicius (Franckiewicz) - an imposing chalice of Neo-Rococo forms. In 1909 the treasure was augmented with a Neo-Romanesque chalice embellished with precious stones and filigree technique executed by the papal goldsmith A.Witte from Aachen.
 
Besides the masterpieces of jeweller's art possessed by the Vilnius Cathedral, artistic treasures of other Lithuanian churches are also exhibited at the treasury hall. The church of the Holy Spirit (Dominican) in Vilnius confided to the museum a Gothic XVI° century monstrance which had belonged for several centuries to the church of St. Francis of Assizes (Bernardine) in Vilnius and is simply called a Bernardine monstrance, the church of St. Michael in Vilnius - the papal cross created at the turn of the XIX°-XX° centuries, which belonged to archbishop J. Steponavicius, and the Archidiocesan Curia in Kaunas - the monstrance of the Jesuit College in Kraziai. There are also shown impressive XVII°-XX° centuries articles - a crown, an abbot's pastoral, reliquaries, monstrances, the sets of ampules, etc… possessed by the churches of St. Catherine (Benedictine) and S.S. Peter and Paul the Apostles in Vilnius.
 
The museum intends to renew the exhibition twice a year and to put on display the treasures of jeweller's art possessed by other churches in Lithuania.