Rassemblement des Gochtovtt du monde entier
GENESE DE LA REUNION DES GOCHTOVTT
 
 EN LITHUANIE DU 4 AU 8 AOÛT 2000.
 
 
 
Du 4 au 8 Août 2000, plus d’une  centaine des  descendants des Gostautas ou des Korewa se sont réunis pour la première fois à Ignalina, localité située à l'est de la Lithuanie.
 
Ils venaient de Lithuanie, d’Australie, du Canada, des Etats Unis, de Pologne, du Royaume Uni, et de France.
 
Aux descendants de Stanislovas et d'Antonina Gostautas s'étaient joints des descendants d'autres branches des Gostautas, Gasztowtt, et Gosztowtt ( dont les ancêtres avaient émigré vers l'ouest, essentiellement à la suite des insurrections de 1831 ou 1863 , des deux dernières guerres mondiales et de la soviétisation générale des pays de l'est) . Tous ces G. (il faut entendre sous la lettre G. les Gasztold, Gostautas, Gasztowtt, Gosztowtt et Gochtovtt comme le nom d’une même famille écrit dans des langues différentes) avaient des ancêtres communs sur plus de douze générations, de Grumpis Gasztold (1215-1282) à Kazimieras-1 Gasztold-(Gostautas-Gasztowtt), 1660-1695 environ. Etaient  aussi présents des descendants de la  très célèbre famille qu'étaient les Korewa en Lithuanie comme en Pologne, ainsi que des amis ou parents désireux de participer à cette réunion comme de découvrir (ou de revoir) une Lithuanie si chère à leur cœur. Quelques Lithuaniens non liés à la famille ainsi que des journalistes (journaux et télévision), des historiens et des spécialistes de généalogie lithuaniens, très intéressés par ce rassemblement, se joignirent aussi à nous à Ignalina , ou (et) à Krakés ou à Milvydai comme à Trakai, à Siauliai ou à Vilnius.
 
 
 
GENESE DU PREMIER RASSEMBLEMENT DES  GOSTAUTAS DU MONDE ENTIER.
 
 
 
Lorsque du 21 au 30 Mai 1997, j'ai fait mon premier voyage en Pologne et en Lithuanie pour rencontrer pour la première fois mes parents (cousins), je n'avais pu rencontrer mon petit cousin Vytautas Gostautas ainsi que son épouse Stase Gostautiené et ses filles Joana, Laura et Julija (à cette époque ils voyageaient en Allemagne).
 
Durant ce premier voyage j'ai pu rencontrer : en Pologne  la famille Malkiewicz à Wroclaw, la famille Bielinski et Beata Wiszniewska à Varsovie, et en Lithuanie les descendants de mon oncle Vytautas Gostautas (mort en déportation en Sibérie) : mon cousin Henrikas, sa fille Marija (Maruta) et ses enfants, ma cousine Elvyra-Juzefa Gostautaité-Charjanova,  ses enfants et petits enfants. A Vilnius je rencontrais Julius Salkauskas (sa grand mère maternelle était Barbora Gostautaité-Salkauskiené, l'une des filles de mon arrière grand père  Stanislovas –Antanas-Jurgis Gostautas-Gosztowtt), et sa charmante épouse.
 
 
 
Si le principal objet de mon voyage était de rencontrer pour la première fois des membres de ma famille et de renouer avec eux des liens que les deux dernières guerres mondiales avaient rendu impossibles ou difficiles pendant deux ou trois générations et que seuls mes parents avaient pu et su entretenir de leur vivant, (avec leur disparition tout contact avait cessé depuis 1989, et c'est grâce à la liberté et à l'indépendance lithuanienne recouvrées que tout à nouveau devenait possible), c'était aussi de collecter autant d'informations que possible pour bâtir l'arbre généalogique général des Gasztold, Gostautas, Gasztowtt,Gosztowtt, Gochtovtt et des Korewa.
 
J'avais bien sûr récupéré auprès de mes parents, avant qu'il ne soit trop tard, l'essentiel sur la descendance de mon arrière grand père Stanislovas, mais mon cousin Tadeusz Malkiewicz de Wroclaw m'avait fourni il y a quelque temps  un arbre généalogique plus étoffé, et en quelque sorte m'avait donné l'envie de continuer. Il me promis de m'aider, dans le virus qu'il m'avait injecté (mes recherches généalogiques), mais hélas peu de temps après notre rencontre il se tuait dans un accident de la circulation. Sa fille Krystyna promit de m'aider, ce qu'elle fit et continue de faire avec efficacité, mobilisant toute sa famille de Pologne, d'Australie et du Canada.
 
 
 
Durant ce voyage je récupérais énormément d'adresses de parents dispersés du fait des deux guerres mondiales. Dés mon retour de Lithuanie j'ai écri à chacun, quémandant des informations généalogiques. Les résultats furent lents à venir au début mais avec le temps la collecte devint considérable et très intéressante.
 
 
 
Au début de 1998 (du 16 au 20 Février) j'eus la visite en France de mon petit cousin Vytautas Gostautas, de sa femme Stase et de l'un de leur ami, le prêtre Remigijus Kavaliauskas.
 
Je leur montrais l'état de mes recherches, et considérant la dispersion de notre famille à travers le monde Stase me dit : «  Pourquoi n'organiserions nous pas une réunion de nos parents du monde entier, en Lithuanie le premier week-end du mois d'Août de l'an 2000 ? »   Vu du début de 1998, l'an 2000 dégageait une certaine magie, faire quelque chose de spécial en l'an 2000 donnait à cette « chose » un poids important.
 
La décision fut prise sur le champ et jamais pendant les deux ans et demi qui s'écoulèrent jusqu'à Août 2000, Stase sur qui reposait la véritable responsabilité du projet ne flancha. On décida qu'elle s'occuperait de l'intendance lithuanienne locale alors que moi j'aurais à réaliser l'arbre généalogique général des Gostautas-Korewa, seulement embryonnaire à l'époque, et à m'occuper des invitations (nous n'attendions qu'une trentaine de personnes au début). Convaincre les familles lointaines d'Australie, du Canada ou des Etats Unis nécessita des relances constantes. Le réseau internet fut d'un secours inestimable.
 
 
 
Lors de mon deuxième voyage en Lithuanie (du 8 au 20 Mai 1998) Stase me fit visiter des endroits très intéressants : parcs nationaux, Kernavé (une ancienne capitale de la Lithuanie avant Trakai et Vilnius) Véliuona (où le Grand Duc Gedyminas fut tué par les Chevaliers Teutoniques alors qu'il défendait cette place forte et où quelques années plus tard mourut Pierre (Poraj) Gasztold-Gostautas, notre ancêtre, en défendant son Château attaqué de nouveau par les Chevaliers Teutoniques alors qu'il était l'un des premiers Lithuaniens a s'être converti au catholicisme romain), Kaunas (où Metvikas Gasztold fut fait prisonnier par les Chevaliers Teutoniques alors qu'il défendait le Château Fort, il fut libéré grâce à la rançon versée par le Grand Duc Gedyminas), et Vilnius. Bien évidemment tout en visitant le pays nous nous arrêtions aussi pour visiter nos cousins à Kaunas et à Vilnius.
 
 
 
Une année auparavant, lors de ma première visite, ma cousine Elvyra-Juzefa Gostautaité-Charjanova m'avait montré le domaine de Milvydai, ou du moins ce qu'il en restait après les destructions soviétiques, où quatre générations de Gostautas-Gochtovtt avaient connu une vie paisible avant que les soviétiques ne déportent en Sibérie les deux dernières générations, anéantissant le domaine en le transformant en kolkhoze.
 
Le cimetière de famille était toujours là  mais non entretenu,  sous la forme d'un bosquet très dense tel une forêt vierge.
 
A son retour de déportation de Sibérie (24.3.1949-1964), ne sachant ce que les soviétiques allaient décider quant au cimetière, ma cousine avait transféré dans un cimetière de Kaunas tous les corps des membres de la famille enterrés là depuis mon grand père Joanas-Antanas-Stanislovas Gostautas (1913).
 
Ont ainsi été transférés à Kaunas les corps de mon grand-père Jonas Gostautas (1862-1913), de son épouse Juzefa Bielinska (1866-1944), de ma tante Marija-Konstancija Gostautaité-Kaustaniené (1907-1932) de mon cousin, mort jeune (1920-1932) de mon oncle Vytautas Gostautas (1892-1951) mort en Sibérie mais dont le corps a pu être transféré  au cimetière de Kaunas en 1989. Sa femme Jadviga Jelenskaité-Gostautiené (1892-1981) revenue de Sibérie et décédée à Kaunas de même que ma tante Janina (Janka) Gostautaité (1900-1989) décédée à Kaunas ont été enterrées à Kaunas et non à Milvydai. Le corps de mon oncle Henrikas Gostautas, mort en Sibérie, n'a pu être rapatrié, l'endroit de son inhumation n'étant toujours pas connu.
 
 
 
Ainsi, on ne sait pas trop quels sont les corps qui demeurent dans le cimetière de Milvydai : mon arrière grand- père Stanislovas-Antanas-Jurgis Gostautas? Mes oncles et tantes morts en bas ages ? Et peut-être d'autres ancêtres?
 
Nous savons que mon arrière grand-mère, Antonina Gostautiené-Korewa, qui vivait à Riga après la mort de son mari, serait morte au début de la première guerre mondiale alors qu'elle fuyait vers la Russie pour échapper aux troupes allemandes qui envahissaient la Lithuanie et la Lettonie, détruisant tout sur leur passage.
 
 
 
L'immense croix de bois installée en 1913 à l’occasion de la mort de mon grand père le Bajoras (Comte) Jonas Gostautas était toujours là mais à terre comme blessée au milieu de cette désolation. Les photos que j'ai de ce cimetière, prises il y a plus de 50 ans  montrent un cimetière très bien entretenu, des tombes fleuries, des haies plantées de lilas et d'aubépines roses bien taillées. Si les soviétiques ont accepté qu'un panneau soit installé pour matérialiser ce cimetière, ils ont donné leur agrément pour que l'on inscrive seulement "Cimetière de Milvydai" mais jamais cimetière des "Gostautas"alors qu’il ne s’agissait nullement d’un cimetière municipal mais bien d’un cimetière familial dédié uniquement à la famille Gostautas-Gochtovtt.
 
 
 
Vytautas et Stase revinrent en France en 1999 (du 12 au 21 Avril). Nous visitâmes Lourdes, Biarritz, Saragosse, Fatima, Lisbonne, Saint-Jacques-de-Compostelle, Paris, Chartres et le Mont-Saint-Michel (5500 km en une semaine bien remplie!!!).
 
 
 
Pendant ce long voyage nous eûmes tout le loisir de reparler de notre réunion lithuanienne d'Août 2000. La question de la réhabilitation du cimetière familial fut abordée tout naturellement en pensant à un endroit où tous nos parents venant de l'étranger pourraient venir se reposer, fouler la terre de leurs aïeux et méditer. Nous décidâmes donc de restaurer ce cimetière et d'y planter une nouvelle croix pour remplacer celle dont le temps avait eu raison, mais aussi pour marquer et symboliser notre réunion d'Août 2000.
 
 
 
Je n'ai su que plus tard que le cimetière était devenu propriété du nouvel Etat lithuanien, afin que quiconque devenant propriétaire de Milvydai après les Gostautas  ne puisse le détruire.
 
 
 
Au cours de mon troisième voyage en Lithuanie du 9 au 16 Juillet 1999, mes petits cousins m'ont conduit en différents endroits afin que je découvre et que je m'imprègne un peu plus de la terre de mes aïeux.
 
 
 
Nous avons rendu visite à Madame le Maire,  (Seniuné), de Krakés, responsable entre autre de l'entretien des seize cimetières privés de sa commune, pour lui faire part de nos intentions et de nos projets concernant le nettoyage du cimetière, l’installation de bancs, d'une clôture et d'une nouvelle croix.
 
 
 
Madame le Maire nous confirma que l'entretien de ce cimetière était de sa responsabilité. Elle nous accompagna jusqu'à Milvydai pour se rendre compte de l'étendue des travaux et elle nous indiqua qu’il serait procédé aux travaux de nettoyage dés le lendemain de notre visite, ce qui fut fait.
 
Dés ce moment Vytautas et Stase allaient réaliser un travail considérable, définissant et supervisant tout : aller en forêt choisir un chêne, le faire abattre et débiter pour réaliser les croix de Milvydai et de Siauliai, la clôture et le banc qui dans un coin du cimetière permettra le repos de ceux qui viendront y méditer. Sur les deux croix d'un style propre à la Lithuanie seront gravées les "Armoiries des Gostautas" et "Assemblée des Gostautas-An 2000".
 
En effet nous avions décidé à ce moment-là d'installer au nom de tous les participants à cette réunion des G. et à la mémoire des parents et ancêtres, des familles représentées ou absentes, qui avaient péri en déportation soviétique ou qui étaient morts quelque part dispersés aux quatre coins du monde, ne  sachant pas exactement ou leur corps reposent, une croix sur la "Colline aux Croix" prés de Siauliai, celle de Milvydai davantage privée étant offerte par les Gochtovtt de France.
 
 
 
Nous avons vu plus tard combien ce que Stase et Vytautas avaient réalisé, était parfait. A eux seuls nous devons le plein succès de la première réunion des G. du monde entier. Personne hors de Lithuanie n'a comme eux été impliqués dans la réalisation de ce projet contrairement à ce que quelques journalistes, peu ou mal informé, ont pu laisser entendre et écrire.
 
 
 
REALISATION DE L'ARBRE GENEALOGIQUE DES GOSTAUTAS-KOREWA
 
 
 
La réalisation d'un immense arbre généalogique était pratiquement ma seule charge en ce qui concerne la "Réunion des G." avec en plus peut-être le souci de devoir établir et garder le contact avec nos parents d'outre Lithuanie, les alimentant en documents de toutes sortes : arbres généalogiques partiels pour information ou commentaires, envoi de programmes, etc…
 
 
 
Les documents de base pour réaliser mon arbre généalogique étaient plutôt très réduits:
 
 
 
-          le petit arbre généalogique familial que j'avais réalisé sous le contrôle de mes parents il y a déjà bien longtemps,
 
-          l'arbre généalogique démarrant avec mes arrières grands-parents : Stanislovas Gostautas et Antonina Korewa préparé par mon cousin Tadeusz Malkiewicz,
 
-          l'arbre généalogique réalisé à partir des informations tirées des ouvrages historiques, démarrant avec Gasztold ou Gostautas staroste de Veliuona, mais dont les historiens ne signalent pas qu'il se prénomme Pierre (Poraj). On sait seulement qu'il a été tué par les Chevaliers Teutoniques en 1364 en défendant son château de Veliuona. Cet arbre généalogique historique se termine avec Stanislovas Gostautas (1495-1542) dont on sait qu'il avait épousé la belle Barbora Radvilaité, qui devait devenir à la mort de son mari, Grande Duchesse de Lithuanie et Reine de Pologne en épousant en seconde noce le Grand Duc et Roi Zygimantas - Augustas.
 
 
 
Je savais que le nom de Gasztold-Gostautas n'était pas commun, qu'il avait été porté par des représentants historiques célèbres et que nous étions de famille noble "boyards" "Gomte" (Grafas-Grafai) et que forcément j'allais réussir à trouver des connexions entre les Gasztold-Gostautas historiques du XIII°, XIV°, XV° et XVI° siècles, ce qui n'était pas aisé alors que je savais que la branche historique s'était éteinte sans laisser d'héritiers. Stasys Gostautas professeur à Boston puis à Kaunas, ce qui lui donnait un avantage sur moi pour l'accès aux archives lithuaniennes, que je rencontrais pour la première fois en 1998,  m'a cent fois dit que mon entreprise était vouée à l'échec. Il m'a quelque peu indisposé lorsque, avec l'aide considérable de Stéphane, Yves-Bernard et Benoit Gasztowtt je gagnais mon challenge, et qu'il est venu triomphant me dire "Nous" avons gagné.
 
 
 
J'ai alors acheté un ordinateur et un logiciel d'arbre généalogique très simple "Arbre Généalogique". J'ai commencé à charger mon P.C.avec les données que j'avais, d'un coté : données historiques, de l'autre : données familiales.
 
Devant ce puzzle où tant de pièces manquaient  j'ai commencé à écrire à la famille, à ceux que je connaissais et à ceux que je venais de découvrir en voyageant en Pologne et en Lithuanie, pour les solliciter les invitant à me donner ce que leur mémoire avait pu conserver.
 
J'ai aussi écrit aux Mormons de Salt Lake City (L'Eglise de Jésus Christ des Saints du Dernier Jour) qui me fournirent des informations sur les G. historiques et sur les G. qui avaient émigré aux Etats Unis au cours du XIX° siècle.
 
 
 
L'écart entre les G. historiques et les G. des XIX° et XX° siècles restait considérable.
 
 
 
Ma petite cousine Stase Gostautiené fouillant les archives de Vilnius (elle aussi a le virus de la généalogie et particulièrement de celle des G. depuis son enfance ignorant qu'un jour elle se marierait avec le descendant de l'un d'eux), sortit cinq branches de Gostautas sans point commun apparent entre elles. Je rentrais ses nouvelles données dans mon ordinateur, satisfait de voir la cohérence de l'ensemble mais constatant que si l'écart entre connu et inconnu se réduisait il demeurait encore important. Il était devenu impératif de trouver d'autres sources d'information.
 
 
 
En Lithuanie on m'avait parlé d'un "jeune G. moine" qui s'intéressait à la généalogie des G. Par ailleurs je savais qu'il existait en France au moins une branche de Gasztowtt issue de l'immigration lithuanienne de 1831 (mon ignorance était grande et je ne me doutais pas à l'époque que c'était en fait six et non seulement une branche qui avaient quitté la Lithuanie ou la Pologne pour s'installer en France). J'avais aussi, au cours de ma carrière professionnelle, rencontré une fois Benoît Gasztowtt. Je décidais alors de contacter les Gasztowtt résidant en France et pour ce faire je tapais "3617ANNU" sur mon Minitel suivi de Gasztowtt. J'obtenais instantanément 20 prénoms et adresses.
 
Je rédigeais alors une lettre circulaire et rapidement des réponses me parvinrent me renvoyant pratiquement toute sur "Frère Stéphane Gasztowtt" à La Hillaire à Thoiré sur Loire.
 
 
 
Le contact avec Stéphane fut rapide, chaleureux et fructueux. Nous nous écrivîmes pendant plus de deux ans je crois avant que nous nous décidions à nous rencontrer à La Hillaire en compagnie de Yves-Bernard (son cousin) qui devenait lui aussi un interlocuteur compétant et efficace.
 
 
 
C'est alors que j'ai découvert que six branches  différentes de G. avaient investi la France:
 
-          Jonas-Petras Gostautas (Gastoffte) dit le rebelle en Lithuanie ou quelque fois le bigame en France,
 
-          Mauricijus-Laurentijus Gasztowtt (frère de Jonas-Petras),
 
-          Wenceslas Gasztowtt,
 
-          Julijonas-Severinas-Titus Gastold
 
-          Colonel Georges Gasztowtt (branche russe Gochtovtt) qui aurait émigré en France en 1930 mais certainement plus tôt),
 
-          Kazimieras Gostautas-Gochtovtt (mon père venu en France en 1926).
 
 
 
Bien qu'elles n'étaient pas directement liées, les trois premières branches eurent, semble t-il une fois en France, de nombreux contacts et travaillèrent ensemble sur leur généalogie. Bien que beaucoup de documents semblent avoir été perdus nous recueillons aujourd'hui le fruit de leur travail.
 
 
 
De Stéphane et de son cousin Yves-Bernard (tous deux descendants de Maurice-Laurent Gasztowtt) j'obtins une quantité extraordinaire de renseignements:
 
-          un arbre généalogique des Gosztowtt établi en Pologne en 1837,
 
-          un document retraçant les transferts, en Lithuanie, des propriétés au sein des familles des G. entre le XV° et le XIX° siècle,
 
-          un essai généalogique des Gasztold-Gasztowtt-Gostautas entre le XIII° et le XVI° siècle, préparé par le Colonel Georges Gasztowtt, duquel j'appris que la branche historique était la branche cadette issue de Jonas-I (1393-1458) fils d'Andrius (1342-1408) tandis que les branches des G. connues aujourd'hui sont issues du fils aîné d'Andrius, Albertas-Talvusas (1375-1432).
 
 
 
Benoît Gasztowtt (un descendant de Venceslas Gasztowtt) me prêta un arbre généalogique, manuscrit original, préparé à Kaunas (en langue russe -caractères cyrilliques) en 1932. Un deuxième exemplaire original existe en Lithuanie chez Zigmantas Gostautas  (descendant de Jonas-Petras Gostautas qui émigra en France en 1831 laissant dans sa fuite devant les cosaques sa femme et ses enfants en Lithuanie) habitant Telsiai et dont Stéphane m'a fourni une copie (Stéphane est un descendant de Maurice-Laurent Gasztowtt alors que Zigmas est le descendant de Jonas-Petras, frère ainé de Maurice-Laurent).
 
 
 
Mon cousin de Vilnius Julius Salkauskas m'a envoyé l'arbre généalogique établi par ma tante Janka Gostautaité.
 
 
 
Toutes ces informations furent entrées dans l'ordinateur et sans trop de surprises, compte tenu de l'origine très sérieuse des documents, le puzzle vit ses cases vides se remplir comme par enchantement, sans parler de l'émotion de l'auteur de ces pages.
 
 
 
De mon ordinateur j'extrayais une quantité phénoménale de feuilles 21x29 m/m, les collais les unes aux autres pour finalement obtenir un arbre généalogique mesurant plus de 7 mètres à la base. Après quoi je demandais à un imprimeur de me faire des copies de cet énorme original, copies que j'envoyais aux parents et aux distingués généalogistes avec qui j'étais en contact afin d'obtenir leurs commentaires.
 
 
 
Après un peu plus de deux ans que je travaillais sur l'arbre généalogique des Gasztold-Gostautas-Gasztowtt-Gosztovtt-Gochtovtt et Korewa j'appris enfin que le premier de nos ancêtres connus dans l'histoire se dénommait Grumpis Gasztold, qu'il était né en 1215, qu'il avait été le chef des armées (Hetman) du Grand Duc Erdvilas (Erdziwill) qui pour services rendus lui avait offert le château de Geranoijni à l'est de Vilnius, aujourd'hui en Biélorussie (Belarus). Les ruines du château peuvent encore être visitées de nos jours.
 
 
 
J'appris également que le premier des Gasztold, que cite la plus part des documents historiques officiels et que l'on désigne sous le seul nom de "Gasztold, staroste de Veliuona" où il mourut en 1364, se dénommait en fait Petras (Pierre) et que bien qu'étant certainement le premier noble samogitien païen à se convertir au catholicisme il avait conservé son nom païen de Poraj. Petras-Poraj Gasztold était né à Vilnius en 1305, il s'était marié en 1345 en Podolie lithuanienne alors qu'il  en était le gouverneur, avec Ona (Anna) Buczacka la fille d'un noble polonais gouverneur lui de la Podolie polonaise.
 
Ainsi l'histoire officielle qui ne fait débuter  la généalogie des Gasztold historiques qu'à Petras-Poraj, oubliant ses ancêtres Metvikas, Surminas et Grumpis qui furent tous des chef d'armées valeureux sous le règne de différents Grand Ducs, doit être révisée. J'ai appris aussi que la plupart des historiens confondaient Jonas-1 Gasztold (1393-1458) avec son neveu Jonas-2 (1408-1480) et quelque fois aussi avec Jonas-3 (1437-1500) petit fils de Jonas-1, qui tous trois occupèrent des postes éminents à la tête du grand duché de Lithuanie, se battant toujours jusqu'à la disgrâce pour l'indépendance et la liberté de la Lithuanie essentiellement vis à vis de la Pologne. On doit tous ces éclaircissements aux recherches historiques du Colonel Georges Gasztowtt qu' Anne-Marie Gasztowtt (sa cousine) rédigea et publia en 1959.
 
 
 
En conclusion, l'arbre généalogique général, qui a pu être réalisé à ce jour, est continu de 1215 à l'an 2000 pour les branches suivantes :
 
-Descendants de Jonas-Petras Gostautas vivants en Lithuanie,
 
-Descendants de Mauricijus-Laurentijus (Maurice-Laurent) Gasztowtt vivants en France essentiellement dans l'ouest,
 
-Descendants de Venceslas Gasztowtt vivants en France, Etats Unis et Royaume Uni,
 
-Descendants de Julijonas-Severinas-Titus (Julien-Séverin-Titus) Gastold, connus en France sous le nom de Bernos de Gasztold ou Gastold ou seulement « de Gasztold » (cas de Pierre le peintre parisien),
 
-Descendants de Stanislovas-Antanas-Jurgis Gostautas vivants en Lithuanie, France, Etats Unis, Australie, Canada, Pologne, Suède, etc…
 
-Le Colonel Georges Gasztowtt ne semble pas avoir laissé de descendants en France, la branche dont il descend aurait émigré en Russie vers 1770, ce qui explique que Georges était officier russe au service du Tsar Nicolas II, appartenant au régiment des cuirassiers blancs de l'Impératrice Mère.
 
 
 
Sur cet arbre généalogique général beaucoup de branches sont arrêtées du fait d'un manque d'informations, d'autre part je connais des branches éminentes de Gostautas qui ne peuvent être raccordées au tronc principal parce que quelques maillons sont manquants.
 
 
 
 
 
REUNION DES GOSTAUTAS-GASZTOWTT-GOCHTOVTT ET DES FAMILLES ASSOCIES.
 
 
 
La réunion des descendants des Gasztold-Gostautas-Gasztowtt-Gochtovtt organisée à Ignalina (région est de la Lithuanie) était prévue du 4 Août 2000 (arrivée des participants) au 9 Août 2000 (dispersion ou départ).
 
Les participants sont arrivés en Lithuanie essentiellement par Vilnius par avion, par le train ou en voiture.
 
Les van Egmond venant d'Australie furent les premiers à arriver, c'est à l'hôtel Astoria de Vilnius où ils passèrent leur première nuit lithuanienne et européenne que le 4 Août au matin Vytautas et Stase les prirent pour les emmener à Ignalina, lieu principal de la rencontre, et où Stase avait trouvé les meilleures conditions d'hébergement pour un groupe de plus cent personnes.
 
Les parents de Pologne et de Lithuanie vinrent essentiellement en voiture, ce fut le cas pour les Malkiewicz, les Mackiewicz, les Korewa, les Wiszniewski et familles associées, seules Jadwiga Czerepinska et sa fille Anna vinrent de Pologne par le train jusqu'à Vilnius où l'organisation Stase-Vytautas les prit pour les emmener à Ignalina.
 
La famille Artzibushev (mon cousin Konstantin, sa fille Nadine et son petit fils Konstantin junior-fils de Dimitri le frère de Nadine) et leurs amis lithuano-russe Regina et Slava Beder arrivèrent de Floride (Tampa) via Francfort. Il était prévu qu'ils empruntent le même bus que celui retenu pour la quarantaine de Gasztowtt, Gochtovtt et familles associées arrivant par avion de Paris, mais cet avion ayant eu du retard (cela arrive aussi à Lithuanian Airlines) Stase et Vytautas leur organisèrent un transport particulier pour Ignalina.
 
Enfin la famille de Guillaume Gasztowtt qui avait profité de l'occasion de cette réunion pour étoffer ses vacances, arriva de Saint Pétersbourg via Riga et nous rejoignit dans le bus.
 
 
 
Je ne sais trop comment arrivèrent les deux frères Liacas du Canada, toujours est-il qu'en arrivant nous même à Ignalina nous les trouvèrent en pleine forme un verre de bonne bière lithuanienne à la main, rien de tel pour briser la glace.
 
 
 
Tous les participants étaient là le 4 Août avant 17 heures. L'accueil fut très chaleureux, des boissons et des toasts furent offerts. Les journalistes et les personnels de la télévision lithuanienne étaient là pour couvrir cet événement si particulier.
 
Dans son allocution de bienvenue Stase a bien insisté sur le fait que si la paix régnait à l'ouest depuis 55 ans, la Lithuanie elle ne la connaissait hélas que depuis moins de 10 ans. Elle expliqua comment l'occupation soviétique et l'absence de liberté avaient rendu impossible la réunion des familles que les deux guerres mondiales et la soviétisation de l'est avaient dispersées.
 
Pour la majorité des participants il s'agissait d'un premier voyage en Lithuanie, terre de leurs ancêtres qu'ils foulaient pour la première fois.
 
 
 
Le premier dîner de bienvenue, comme tous les autres repas par la suite, a été préparé par ma petite cousine Marija (Maruta) Gostautaité-Pesiené et son fils Andrius assisté par le personnel de leur restaurant de Kaunas qui lui n'a pas cessé de fonctionner (inutile de vous dire le nombre de voyages de nuit Ignalina-Kaunas qu'Andrius a du faire pour organiser ces deux centres de restauration).
 
Il faut ajouter que tous les membres de notre famille lithuanienne et leurs amis participèrent à la bonne organisation de cette réunion et de l'intendance. Personne d'autre qu'eux ne peuvent revendiquer le succès que tous les participants reconnurent.
 
Chacun comprendra qu'il n'était pas si facile dans un pays à l'économie balbutiante, de nourrir, transporter et loger plus de cent personnes sans parler de quelques pique-niques et des voyages journaliers plutôt longs, Ignalina n'étant pas  au centre de la Lithuanie.
 
 
 
Le programme du deuxième jour (5 Août) fut certainement, parmi ceux des cinq jours que dura la réunion, pour les descendants des Gostautas le plus important et le plus émouvant.
 
Le bus nous amena à Krakés et à Milvydai au cœur de la Samogitie, berceau de nos ancêtres, pour assister à la messe dites par le père Dominique Garnier-Gochtovtt (mon neveu) dans l'église où son grand-père (mon père) avait été baptisé et où il avait épousé ma mère. Beaucoup de mes ancêtres avaient sans nul doute comme mon père été, baptisés, mariés et conduits à leur dernière demeure dans cette église de Krakés.
 
 
 
Après la messe nous nous dirigeâmes vers Milvydai (ancien domaine des Gostautas) pour assister, dans le cimetière familial réhabilité, à la consécration d'une nouvelle croix, en remplacement de celle plantée en 1913 à la mort de mon grand-père: Boyard (Comte) Jonas Gostautas, érigée quelques jours plus tôt, par Vytautas-2 (mon petit cousin) petit fils du dernier Gostautas ayant exploité ce domaine avant sa déportation en Sibérie où il est mort.
 
 
 
Malheureusement après la déportation de toute la famille en Sibérie le domaine fut transformé en kolkhoze, et tous les bâtiments, vergers, arbres, allées, etc…détruits afin qu'il ne reste aucune trace à laquelle l'homme nouveau, que les soviets voulaient créer, aurait pu se référer. Le domaine n'est plus qu'une étendue triste et monotone de champs nus jusqu'à l'horizon.
 
 
 
Une dame (Aleksandra Zaltauskaité-Pacaitiené) poétesse de son état (ce que je n'ai su que plus tard) qui n'avait que six ans  lors de la déportation des Gostautas et dont la famille vivait à cette époque au village de Milvydai est venue spontanément réciter deux poèmes retraçant les souvenirs qu'elle avait gardés, des Gostautas, du domaine et du cimetière où elle venait cueillir des fleurs surtout du lilas au printemps.
 
 
 
" Le domaine était ouvert, j'y venais souvent pour y cueillir des fleurs (du lilas dans le cimetière,…), des fruits (des pommes et des noisettes,...). Je me souviens des longues allées plantées d'arbres (des chênes, et des tilleuls surtout). Je me souviens, alors que je n'avais que six ans, de mon père nous disant le matin du 24 Mars 1949 : Cette nuit on a arrêté tous les Gostautas pour les déporter en Sibérie, le domaine est vide, il n'y a plus personne. Je me souviens alors combien nous avons eu peur. J'ai assisté plus tard à la destruction du domaine par les soviets, plus de bâtiments, plus d'allées, plus de vergers, plus rien qu'une immense plaine nue jusqu'à l'horizon".
 
 
 
(Les Gostautas entassés avec d'autres déportés, le 24.03.1949 dans des wagons à bestiaux, sans eau, sans vivres, sans chauffage ni vêtements chauds pour les enfants, où ils restèrent jusqu'à leur arrivée à Baitog-Oust-Orda en Sibérie sur le lac Baïkal, seulement le 19.04.1949, soit prés d'un mois de voyage pendant lequel bien des gens moururent sans aucun soin. Les Gostautas ne revinrent en Lithuanie qu'en 1964, mais hélas sans mes deux oncles  Vytautas et Henrikas morts en Sibérie. Ne pouvant récupérer leur domaine ils s'installèrent chez des amis à Kaunas, qui se serrèrent pour pouvoir les accueillir, il n'y avait pas de logements pour eux pas plus qu'il n'y en eu lorsqu'ils arrivèrent en Sibérie. Là ils recommencèrent une nouvelle vie dans des conditions très difficiles).
 
 
 
Mon cousin Julius Salkauskas pris à son tour la parole pour nous faire part de faits que sa grand-mère (ma grande tante) Barbora Gostautaité-Salkauskiené lui avait raconté. L'un de ses souvenirs concernait l'insurrection de 1863. Il raconta comment les femmes Gostautas et Korewa poussaient leur mari et leurs fils à se battre contre les cosaques de l'armée russe qui depuis 1795 occupaient la Lithuanie, pour essayer de libérer leur pays.
 
Déguisées en paysannes elles alimentaient les rebelles cachés dans les bois autour de Milvydai : en armes, poudre, munitions, nourriture, etc…A la barbe des cosaques elles ramenaient quelques fois au domaine, un fils ou un mari blessé, caché dans une charrette de foin, que les soldats piquaient quelques fois de leur baïonnettes pour vérifier si personne ne s'y trouvait. Kletas (Klety-Klet) Korewa fut arrêté et fusillé à Kaunas le 23.03.1863. C'est de sa mère (Konstancja Ciszkiewiczowna-Korewa) que l'on parle lorsque l'on cite: cette dame qui alla le voir dans sa prison une dernière fois et ne pleura pas, car "les cosaques n'étaient pas dignes de voir ses larmes". Une autre dame éminente : Barbora Gostautaité-Alecknaviciené (la tante de mon arrière Grand père Stanislovas Gostautas a qui elle offrit le domaine de Milvydai, qu'elle avait elle-même reçu en dot) fut arrêtée et mourut en prison à Kaunas.
 
 
 
Mes trois petites filles : Victoria, Eva et Helena eurent la touchante attention de ramasser un peu de terre de Milvydai pour la disperser sur la tombe de mes parents à Saint André d'Allas en Dordogne.
 
 
 
Après un déjeuner rapide dans la salle des fêtes de la mairie de Krakés nous reprîmes le bus pour Siauliai et la "Colline aux Croix "où devait avoir lieu la bénédiction d'une nouvelle croix, implantée quelques jours plus tôt par Vytautas, au nom de tous les participants au grand rassemblement des G. Ce fut une cérémonie très émouvante à laquelle Dominique sut donner une atmosphère de recueillement et de ferveur. C'était très impressionnant de se promener parmi les milliers de croix et d'en lire les dédicaces. Personne ne pouvait s'empêcher de penser aux membres de leur famille, déportés, dispersés et qui jamais ne purent revoir la terre de leurs aïeux et dont les tombes sont on ne sait où mais pas en Lithuanie où elles devraient être.
 
 
 
Avant d'arriver à Siauliai nous nous sommes arrêtés à Baisogala, un peu au nord de Milvydai, là où se trouvait le domaine des parents de Jonas-Petras et Mauricijus-Laurentijus Gostautas-Gasztowtt. C'est prés de là que Jean-Pierre et son frère Maurice-Laurent Gasztowtt se battirent contre les russes avant d'émigrer en France en 1831.
 
 
 
Nous n'arrivâmes que très tard dans la nuit à Ignalina où un très bon repas nous attendait.
 
 
 
Le 6 Août, on ne bougeât pas d' Ignalina, car ce jour était réservé à l'examen de la généalogie de nos familles, aux discussions avec des historiens et des généalogistes venus de Vilnius, etc.. Les descendants des différentes branches  faisant connaissance recherchaient sur les différents arbres généalogiques leur ancêtre commun. En dehors de Stasys Gostautas de Boston tous les descendants de G. présents avaient un ancêtre commun, un certain Kazimieras Gasztold-Gostautas vivant au  XVII° siècle (1660-1695). Les généalogistes, historiens et spécialistes de la noblesse nous expliquèrent la difficulté de leur entreprise devant la dispersion des archives lithuaniennes entre Vilnius, Kaunas, mais aussi et surtout: Moscou, Saint Petersbourg, Varsovie, etc…Néanmoins ils proposèrent de nous aider dans nos recherches généalogiques individuelles.
 
 
 
Joana Gostautaité (l’une de mes arrières petites cousines) expliqua et commenta  la vie de ses grands parents et de sa famille pendant leur déportation en Sibérie. Elle avait auparavant préparé des supports: cartes, vieilles photos, etc… illustrant les péripéties de sa famille, qui est aussi dans une certaine mesure la mienne.
 
 
 
Le dîner fut un repas lithuanien typique avec "koldunai" et vodka, de la très bonne vodka nous fut d'ailleurs servi très souvent pendant notre séjour. Un groupe folklorique lithuanien, très professionnel, vint animer ce dîner, jouant et chantant des mélodies et chansons populaires et faisant danser tous les participants qui semblent y avoir pris un réel plaisir.
 
Ce jour fut une réelle occasion de contacts, de discussions privées, d'échange de vieilles photos et pour moi personnellement comme pour certains autres de rencontrer pour la première fois des parents vraiment proches. Je fus surpris de voir pour la première fois des photos de mon père jeune et de sa famille que je n'avais jamais vu jusqu'à ce jour. Je rencontrais pour la première fois ma cousine Jadviga Czerepinska qui vit à Lublin et qui sait tant de choses non seulement sur ma famille proche mais aussi sur l'histoire des Gosztowtt (orthographe polonaise désignant tous les G. depuis Gasztold) en général. Il faut absolument que je la rencontre à nouveau.
 
 
 
Durant ces jours de réunion Stase fut très souvent interviewée par des journalistes de différents quotidiens ou revues ainsi que par ceux de la télévision, elle fut brillante, insistant souvent sur l'aspect symbolique de ce premier rassemblement des G. Les articles de journaux sont à la disposition de chacun et leur traduction pourra être diffusée plus tard du moins je l'espère. Des lithuaniens de France m'ont dit avoir lu en France un compte rendu de ce rassemblement, de même une cousine de Floride m'a envoyé un article  sur ce sujet paru aux USA.
 
Tous les journalistes sont d'accord pour reconnaître que l'entreprise de Stase eut un exceptionnel succès.
 
 
 
La  journée du 7 Août fut une journée touristique débutant par la visite du château de Trakai où certains de nos ancêtres furent voïvode (gouverneur). Trakai fut comme Kernavé et avant Vilnius capitale de la Lithuanie. Bien restauré le château de Trakai est un musée très intéressant.
 
Après une rapide collation dans le bus tant le planning était serré nous voici à l'Arsenal, un important musée de Vilnius. Le musée normalement fermé ce jour là a été spécialement ouvert pour nous, afin que nous puissions admirer le trésor d'Albertas Gostautas Chancelier de Lithuanie, trésor offert par lui pour être installé dans la chapelle qu'il s'était fait aménager dans la cathédrale de Vilnius. Notre guide a été le directeur du musée lui-même, il est l'un de ceux qui du temps des soviets avait découvert ce trésor et qui avec l'accord de sa hiérarchie l'avait à nouveau caché pour éviter que les soviétiques ne s'en emparent. Ce trésor n'a été à nouveau mis à jour que lorsque la Lithuanie a recouvré sa liberté et son indépendance. Le directeur du musée dit des choses aimables sur les Gostautas historiques et nous donna beaucoup d'explications sur ce trésor. Ce que nous avons vu était réellement merveilleux et exceptionnel.
 
Nous visitâmes ensuite la cathédrale, sa crypte, la chapelle des Gostautas où sont enterrés Albertas et Stanislovas le premier mari de la Grande Duchesse  de Lithuanie et Reine de Pologne Barbara Radvilaité (Radziwill). Après la cathédrale devant laquelle fut prise une photo de groupe chacun effectua une visite libre de Vilnius, ville que je visite chaque année depuis 1997 et dont je ne me lasse pas d'admirer la restauration.
 
 
 
Le 8 Août, dernier jour officiel du rassemblement, était un jour où chacun pouvait avoir quartier libre mais la majorité des présents préféra participer au programme proposé. Le matin nous avons visité le parc national : Aukstaitija tout proche d'Ignalina avec ses magnifiques forêts, lacs, musée du miel et des abeilles, etc…
 
 
 
Le programme de l'après midi était un peu hors sujet. En effet, sachant qu'à l'occasion de la réunion des G. du monde entier, allaient être présents des descendants  du Général Vladimir Verevkine (les Gochtovtt de France et mon cousin Konstantin Artzibushev ainsi que sa famille de Tampa-Floride), créateur du domaine de "Blagodat" (aujourd'hui Vyzuoneles), miraculeusement préservé des soviets, lesquels des bâtiments avaient fait leur centre de formation et de propagande politique. La municipalité d'Utena dont dépend le domaine, nous avait invité pour discuter d'un projet de réhabilitation du domaine.
 
 
 
La Lithuanie voulant faire revivre un passé terni par la trop longue association avec la Pologne (Horodlo 1413-3° partage de la Pologne 1795) et la non moins longue occupation russe, tsariste de 1795 à 1917, puis soviétique de 1941 à 1990, et très intéressée par la réhabilitation d'un domaine agricole tel que Blagodat, (tant d'autres ayant été détruits à jamais)
 
Jusqu'à l'arrivée des soviets en 1941 le domaine de Blagodat était géré par l'un des fils du général Vladimir Verevkine : le général Pierre Verevkine gouverneur de Kaunas puis de Vilnius et enfin de Tallin avant 1917. La Lithuanie ayant retrouvé son indépendance en 1917, Pierre Verevkine fut le conseiller de son ami Smetona, président de la république lithuanienne, alors que son frère Vsevolod (mon grand père) fut le conseiller du premier ministre.
 
Blagodat est aussi le lieu où se développa la peinture de Marianne Verevkine, élève du grand peintre russe Repin (Riepin), ce qui augmente l'intérêt du ministère de la culture lithuanienne pour une réhabilitation de l'atelier de Marianne que son père lui avait fait construire et qui existe toujours.
 
 
 
Dans son discours de bienvenue le vice maire d' Utena associa les Gostautas et les Verevkines dans ce qu'ils firent de bien pour la Lithuanie. L'action des Gostautas historiques est assez bien connue, par contre on ne sait pas  que c'est grâce à  l'action du très libéral général Pierre Verevkine, ami du très autocrate Tsar Nicolas II, alors gouverneur de Kaunas et de son ami le Prince Svytopolk-Mirsky, gouverneur général de Vilnius, qui réalisant les tragiques conséquences sur le peuple lithuanien, des mesures prises par le Tsar Alexandre II, à la suite de l'insurrection de 1863 (interdiction de parler et d'écrire le lithuanien, obligation d'adopter l'alphabet cyrillique, etc…) intervinrent au début du mois de Mai 1904 pour que ces mesures soient annulées, ce qui fut fait rapidement.
 
De retour à la vie civile Pierre Verevkine en plus de son rôle de conseiller auprès du gouvernement lithuanien, fut une sorte de mécène pour la région d'Utena: conseils aux paysans, création d'une laiterie à Utena, construction d'églises catholiques et orthodoxes, etc…Il est assez rare de voir qu'un représentant de l'occupant puisse emporter une telle adhésion de la nation dominée. Encore de nos jours les journaux lithuaniens lui tressent des lauriers.
 
 
 
Lors de l'accueil à la mairie d'Utena je fus très surpris de voir l'exposition de photos de la famille Verevkine, surtout des photos de Marianne, aujourd'hui célèbre, mais aussi de membres de ma famille assez proche, comme celle de ma grand-mère maternelle Vera-Veronika Abegg-Verevkine, elle aussi peintre et élève et quelques fois modèle du célèbre peintre russe Repine. Ces photos récupérées par les soviets en 1941 après l'abandon du domaine par mon grand oncle, étaient chacune conservées dans une enveloppe clairement répertoriée. Parmi les documents récupérés lors de la dernière occupation russe on compte les 6000 livres de la bibliothèque familiale.
 
Il y a un projet pour restaurer tout au moins les bâtiments d'habitation du domaine de Blagodat. Sont intéressés à ce projet: le ministère de la culture lithuanien, la ville d'Utena qui gère le domaine, le gouvernement allemand qui s'intéresse de très prés à Marianne, qui  de 1898 (date de la mort de son père) à la guerre de 1914 s'était installée à Munich, plutôt qu'à Paris, compte tenu de ses affinités avec l'école "expressionniste" allemande, et enfin la fondation Marianne Verevkine d'Ascona (Suisse).
 
 
 
Mon cousin Konstantin Artzibushev, qui était présent à notre réunion, n'est pas lié aux Gostautas, ma sa mère était la cousine germaine de la mienne. Il est sans doute l'un des héritiers du domaine de Blagodat, car qui devient propriétaire après l'intermède soviétique? Son grand père le général gouverneur Pierre Verevkine propriétaire de Blagodat a fui en Italie en 1941 à l'arrivée des soviets qui s'y installèrent et en firent une centre de formation communiste et un kolkhoze. En 1989 les Lithuaniens chassent les soviétiques et font exploiter le domaine par une coopérative, car il n'y avait pas de représentant du propriétaire sur place. Dans un cas similaire concernant le domaine de Milvydai des Gostautas (mes grands parents et oncles) les terres ont été rendues à mes cousins qui perçoivent un loyer de la coopérative qui exploite ce qui fut notre domaine puis un kolkhoze et enfin une coopérative.
 
Donc mon cousin qui est né là, est venu manifester son intérêt pour la réhabilitation de Blagodat, où son oncle Pierre Verekine (un autre Pierre, le cousin de maman) est enterré dans un coin du parc.
 
 
 
A la nuit nous nous sommes retrouvés à Ignalina pour célébrer la soirée d'adieu. Quelques uns des participants ont quitté la Lithuanie le 9 Août très tôt le matin, d'autres ont désiré poursuivre leur séjour jusqu'au 11 Août, ce que nous fîmes.
 
Une fois de plus on a pu apprécier le dévouement de Vytautas conduisant dés trois heures du matin un premier groupe à l'aéroport de Vilnius d'où l'avion pour Paris devait décoller très tôt. Dès son retour il réussit à convaincre les Gasztowtt que le retour à Vilnius par le  bus des "non pressés" ne leur permettrait de passer à l'ambassade de Russie et d'arriver à temps à la gare pour prendre le train de 11.30 heures pour Saint Pétersbourg via Riga. C'est donc dans sa petite Volkswagen Jetta qui va allégrement sur ses 500.000 km qu'il repartit emmenant les représentants du groupe Gasztowtt, et tout se passa bien en tout cas dans les délais sans marge aucune.
 
Le gros de la troupe des "non pressés" prit le bus plutôt tard dans la matinée, je n'oublierai pas les adieux de tous ceux qui restaient mais surtout ceux de Maruta distribuant à tous des boules de pains de seigle noir, pain que nous avions tant apprécié pendant notre séjour.
 
Les familles polonaises quittèrent Ignalina en voiture directement pour la Pologne avec pour les descendants des Korewa (Krystyna Malkiewicz, sa mère, sa tante Julita Korewa, les van Egmont) un arrêt à Poniewiezyk (Paneveziukas) au nord de Kaunas, où l'on peut voir encore aujourd'hui (j'y suis allé aussi plus tard): le domaine des Korewa, avec l'église des Korewa (où l'on peut voir un bas-relief à la mémoire de la mère de mon arrière grand-mère : Konstancja Ciszkiewiczowna-Korewa qui éleva 18 enfants et mourut à plus de 95 ans ; c'est d'elle qu’il s’agit lorsque l'on cite plus haut : « le récit de cette dame qui revenant de la prison de Kaunas où elle avait rendu une dernière visite à son fils Klet avant qu'il ne soit fusillé en 1863 et que personne n'a vu pleurer, car les cosaques n'étaient pas dignes de voir ses larmes », le cimetière des Korewa, la grande maison (à coté de laquelle j'ai reconnu le réfrigérateur dont me parlait mon père: il s'agit d'un local extérieur, énorme, semi enterré, où l'hiver on stockait de très grandes quantités de glace pour la protection des denrées alimentaires durant tout l'été, (en général il y avait encore de la glace lorsque l'hiver venu on recommençait le cycle), et les ruines de l'usine de briques et de tuiles de Severin puis Onufry Korewa (les initiales S.K. sont toujours visibles sur chacune  des briques fabriquées dans cette usine et qui étaient utilisées dans les constructions de la région toujours pérennes-les tuiles portent aussi en toutes lettres : Onufry Korewa-Poniewiezyk et Paneveziukas pour celles produites après 1918). Pendant que Severin puis Onufry faisait marcher son usine, ses frères étaient ingénieurs, construisaient soit le transsibérien jusqu'à Irkoutsk ou faisaient fonctionner les mines d'amiante ou de pierres précieuses de l'Oural. Le dernier exploitant de la tuilerie-briquerie fut un certain Bohdan Korewa que l'anti-soviétisme amena à cesser cette activité et à se cacher.
 
Les Korewa ont été dispersés eux aussi aux quatre coins du monde avec l'arrivée des soviets. L'endroit est plus ou moins désolé, mais il a encore de vieilles gens qui se souviennent des Korewa, vous font visiter l'église, en vous disant «  je ne fais visiter qu'aux parents de Korewa », et à la sortie refuse tout pourboire malgré une pauvreté apparente, que cache une grande dignité et sans nul doute une certaine fierté.
 
 
 
Arrivés à Vilnius les Gochtovtt se sont séparés en deux groupes, le premier sous la conduite de François est allé jusqu'à Palanga sur la Mer Baltique, alors que mon frère en compagnie des Artzibushev nous avons choisi de  visiter Vilnius et un vieux cimetière orthodoxe où nous avons retrouvé en parfait état de conservation les tombes des Daragan, et parmi elles celle de mon arrière grand-mère Elisabeth-Petrovna Daragan-Verevkine, l'épouse du Général  Vladimir Verevkine qui fut gouverneur de la "Forteresse Pierre et Paul" et où il a sa tombe.
 
 
 
Le 10 Août les Gochtovtts (ceux venant de Vilnius et ceux revenant de Palanga) se sont retrouvés à Kaunas dans le restaurant de Maruta (Marija Gostautaité-Pesiené) où un excellent repas nous a été servi. Un incident mécanique de voiture nous a permis de prolonger avantageusement la visite de Kaunas. A la nuit nous rentrions à notre hôtel de Vilnius pour une dernière nuit en Lithuanie.
 
En nous promenant dans Vilnius nous avons plusieurs fois croisé des groupes de nos cousins de l'ouest, pour enfin les retrouver le 11 Août au matin dans l'avion qui nous ramenait tous en France.
 
 
 
Après le succès de ce meeting je me dois de remercier tous les participants en particulier, non seulement pour nous avoir accompagné en Lithuanie mais pour avoir animé ce rassemblement, mais je dois surtout remercier Stase, Vytautas, Marija, Andrius, leurs familles et leurs amis qui ont tant fait pour que ce rassemblement soit réussi.
 
 
 
Que d'eau a coulé dans le Niémen ou la Néris depuis ce printemps de 1998 où Stase proposait de réunir quelques uns des descendants des G. de Milvydai, jusqu’à ce 11 Août 2000 où les G. du monde entier (en tout cas leur représentants) sont rentrés chez eux. Imaginons  que le troisième partage de la Pologne-Lithuanie n'ai pas eu lieu en 1795, que la première et la deuxième guerres mondiales n'aient pas eu lieu et que de ce fait la soviétisation de la terre de nos ancêtres n'est pas eu lieu, que serions-nous? Existerions-nous? En tout cas ce rassemblement n'aurait sûrement pas eu lieu….
 
Je veux dire au nom de Stase combien elle a aimé que le nombre des  participants dépasse de loin ce que nous avions pu imaginer au début de notre projet (honnêtement nous comptions que 30 personnes c'était possible, et  que 50 cela tenait de l'utopie). Merci à nouveau à tous ceux qui ont accepté de venir, dois-je avoir le remord de ne pas avoir solliciter plus largement d'autres qui portent notre nom, sans doute oui, mais la voie est tracée, une nouvelle génération prendra sans doute la relève et d'autres rassemblements auront lieu et peut-être se perpétueront-ils?…Merci…